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2018
La place des écrans connectés dans les familles de Suisse romande
Dans le cadre du groupe de travail créé en 2016 par Action Innocence réunissant des professionnels et des chercheurs des sciences de l’éducation, de la psychologie, de la psychiatrie, de la communication et de la sociologie de la jeunesse et des pratiques numériques, il est apparu utile de réaliser une enquête permettant de comprendre la place accordée aux écrans connectés dans les familles de Suisse romande.
Pour cela, Action Innocence a mandaté Claire Balleys, sociologue, de la Haute école de travail social de Genève. Quinze familles de jeunes entre 10 et 18 ans ont participé à des entretiens pendant 10 mois, représentant un groupe de configurations parentales, contextes géographiques et milieux socio-économiques divers.
Les principaux résultats que l’enquête ont mis en évidence de nombreux paradoxes, plus ou moins accentués selon les familles :
- Les écrans sont considérés comme nuisibles par les parents, sources de tensions dans leurs relations parentales et conjugales. Ils présentent également un danger pour les enfants en termes de santé physique et mentale, de pratiques à risque et de contenus inadaptés. Pourtant, ce sont les parents qui équipent leurs enfants.
- Les écrans sont néanmoins considérés comme un mal nécessaire pour l’intégration familiale et sociale de leurs enfants, et, prioritairement, pour leur sécurité. Ils sont un moyen de les protéger des dangers de l’espace public.
- Pour se rassurer face à cette double menace, les parents choisissent d’utiliser les possibilités de surveillance offertes par les smartphones et d’exercer un contrôle accru sur l’utilisation qu’en font leurs enfants, voire s’autorisent un accès total à leurs contenus. Ils se donnent ainsi le sentiment de se protéger des dangers extérieurs autant que des dangers numériques. Ce faisant, ils bousculent les bases des rapports de confiance, qui impliquent prise de risque et acceptation d’une certaine vulnérabilité, et des modes d’autonomisation à l’adolescence, qui exigent de se faire en dehors d’un contrôle familial.
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